dimanche 25 janvier 2015

IEF. Mais t'es sûr que c'est une bonne idée? Episode 1/2

Ce sujet sera traité en deux temps, donc en deux articles, pour la simple raison que tout vous dire en un seul article, ce serait vous infliger une lecture trop longue. Et j'ai pitié de vous. Même si vous êtes habitués à mes looooongs articles, je n'oublie pas que vous N'AVEZ PAS toujours le temps de lire (enfin, ça c'est pour être poli, parce que normalement, je devrais dire que "vous NE PRENEZ PAS le temps de lire").
 

Episode 1/2 : IEF. Mais t'es sûr que c'est une bonne idée?

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Savez-vous ce qu'est l'IEF? Acronyme étrange pour signifier Instruction en famille. Jusque là, vous comprenez chaque terme (c'est bien!). Mais en langage courant, ça revient à "faire l'Ecole à la maison à ses enfants". Un truc de ouf!
Oui, parce qu'on nous bassine que "l'école est obligatoire jusqu'à 16 ans". Sauf que NON! L'école n'est pas obligatoire, en revanche, l'instruction OUI! Et il faut bien y apporter toutes les nuances nécessaires.
Même si l'IEF est un choix minoritaire d'instruction, ce choix existe bel et bien! Et de plus en plus de familles prennent la décision de déscolariser leurs enfants (je déteste ce terme de déscolarisation, qui porte à mon sens, une connotation péjorative).
 
A partir de 6 ans, les enfants doivent être instruits. Le chemin classique les amène donc sur les bancs de l'école primaire, avec toutes les joies que cela comporte pour nos progénitures. Oui, parce que l'école, en elle-même, c'est un bel endroit, avec de bonnes intentions et de belles réussites.
Les enfants adorent les récrés, aiment vachement moins la cantine, et encore moins l'étude. Mais l'école n'est pas une garderie, et doit rester un lieu de partage du savoir et des connaissances, transmis par des Professeurs des écoles.
 
La plupart des enseignants sont d'ailleurs compétents à ce titre. Et je ne me permettrai d'ailleurs pas de juger leur travail, car je ne suis pas sûre de pouvoir supporter une classe de 25 à 30 enfants qui pleurent de voir maman partir, qui mangent comme des cochons, qui font pipi dans leur culotte et qui parlent tous en même temps... Je noircis volontairement le tableau, car je sais bien que tous les enfants ne pleurent pas, tous ne mangent pas comme des cochons, tous ne font pas pipi dans leur culotte et tous ne sont pas de grands bavards.
 
Et les rentrées s'enchaînent jusqu'à la 16ème année, au moins (instruction obligatoire jusque 16 ans)...
 
Il existe des alternatives à l'école, telle qu'on la connaît. L'IEF est un autre chemin, que de plus en plus de familles suivent désormais.
Le choix est "couillu", il faut bien le reconnaître. Car même si c'est un DROIT d'instruire en famille, il faut parfois batailler pour le mériter.
Les aberrations commencent...
 
Admettons que votre enfant ait connu l'école classique jusque là, admettons que c'est un garçon, admettons qu'il a 10 ans et admettons qu'il est en CM2.
Mais cette année, son maître (son professeur des écoles de CM2) est l'incarnation de la mollesse : stature figée dans la classe, voix presque inaudible, ton monocorde, autorité au niveau 1 de l'échelle (qui va de 0 à 10, on lui met 1 parce que les élèves lui obéissent quand même quand il leur dit qu'ils peuvent partir en récré).
 
Votre enfant se plaint chaque jour (depuis la rentrée ça fait déjà 15 jours) que le maitre l'endort, qu'il sent ses paupières s'alourdir la plupart du temps et qu'il s'ennuie. Vous allez logiquement et à toute hâte, vérifier que les cahiers sont quand même remplis. Ils le sont, remplis par des photocopies en noir et blanc, imprimées un peu de travers et noircis par des leçons, des exercices.
 
Comme vous êtes des parents respectueux de la société (même s'il vous arrive de mettre des verres et des piles usagées dans la poubelle rouge), vous vous dites quand même que votre fiston, il exagère! Mais vous en parlez avec lui, parce qu'il est important de communiquer avec ses enfants :
 
"- Laisse le temps à ton maître de faire connaissance avec vous, il faut que vous vous adoptiez, vous les élèves et ton maître.
  - Mais il nous connaît déjà, il nous connaît tous, il était déjà là quand j'étais en CP.
  - Oui mais il ne vous connaît pas personnellement.
  - Bah si, il nous faisait les cours de sciences l'année dernière."
 
Votre enfant vient de mettre le coup de sabre mortel à vos arguments, qui partaient pourtant d'un bon sentiment. Mais vous allez pouvoir juger par vous-même, la réunion parents-professeur de début d'année est prévue samedi prochain à 9h00 (9h! sans déconner! un samedi!)
 
 
La semaine passe, vous attendez le samedi avec impatience, et vous n'osez plus demander à votre enfant si sa journée s'est bien passée. Pourtant, il a envie d'en parler et il vous raconte qu'il a été puni:
 
"-Le maître m'a puni parce que je me suis retourné dans la classe. J'avais ramassé le stylo de Naïma et j'ai voulu lui rendre. Mais il ne m'a pas laissé m'expliquer. (Vous n'êtes pas aussi naïf que votre enfant le pense, et vous savez au fond de vous, que votre enfant avait sûrement engagé une petite discussion de routine avec Naïma, en lui rendant son stylo certes, mais pas que...)
 - Quelle punition t'a t-il donné?
 - Il m'a demandé de croiser les bras sur ma table et de poser ma tête dessus pendant 10 minutes.
 - Ah bon, mais tu as du trouver de temps long?
 - Non, je me suis endormi, c'est Thomas qui m'a réveillé."
 
Outch! Votre gamin a profité de la punition pour faire une sieste. Comment ne pas éclater de rire? Impossible, vous éclatez de rire. Y'a de quoi!
Ah oui, aussi, il faut préciser que cette année, le Gouvernement a cru bon de rajouter une journée de classe aux enfants de primaires. Donc avant, certains profitaient du mercredi matin (ou du samedi matin) pour se reposer, pour flâner, glandouiller en pyjama (comme certains d'entre nous aiment à le faire le dimanche, s'ils ne travaillent pas). Mais là, non, on chamboule tout à nouveau, on remet les gamins à l'école un jour de plus. Comme ça, on allège leur emploi du temps (SI C'EST PAS SE FOUTRE DE LA GUEULE DU MONDE!) Bref...
 
Le samedi arrive, il est 9h, vous avez pris votre place, un peu étroite (puisque pensée pour des jeunes enfants). Vous avez pris votre stylo et une feuille de papier pour prendre des notes. Mais là, le maître est comme votre enfant vous l'a décrit. Vous n'entendez presque rien de ce qu'il dit. Vous tentez de lire sur ses lèvres (et quand on ne pratique pas souvent, ça ne donne pas un résultat probant). Vous regardez les autres parents pour deviner si comme vous, ils ont une subite envie de dormir (outre le fait qu'il soit 9h07, vous ne quittez pas l'horloge des yeux).
 
En sortant de là, vous réfléchissez à ce que vous allez bien pouvoir dire à votre enfant, car il attend votre compte-rendu avec impatience. Vous direz uniquement "ça c'est bien passé, y'avait pas mal de parents!" Et vous trouvez un prétexte pour changer de sujet. De toute façon, c'est l'heure de préparer le déjeuner.
 
C'est en catimini que vous allez raconter au papa que ce maître est un somnifère muni de 2 bras, 2 jambes et d'une tête. Et il n'a même pas la quarantaine! Vous comprenez le désarroi de votre enfant. Et vous ne pouvez pas le faire changer de classe. Le prétexte du maître soporifique, ça ne marchera pas. 
 
Depuis l'an dernier, l'idée de l'IEF vous vient régulièrement à l'esprit. Mais franchement, retirer son enfant de l'école, Est-ce que c'est vraiment une idée qui tient la route? Comment vont le vivre votre famille, votre entourage, vos amis?

Le jugement des autres est tellement important. Mais est-il si important que le bien-être de vos enfants?

Bah non, et c'est bien ça qui aide à prendre la décision de partir pour l'aventure IEF. Votre enfant a un bon niveau scolaire, il ne rencontre pas de difficultés particulières, il aime apprendre, il aime découvrir des choses. Mais là, il entre dans le dégout de l'école.
 
Vous êtes des parents responsables, aimants, attentifs et attentionnés (même si vous râlez souvent, même si votre patience a des limites et même si vous n'achetez pas tout ce qu'il vous demande).
Et votre enfant doit retrouver le goût d'apprendre et du savoir. L'IEF est une solution. Vous en parlez avec lui, et vous voyez sa mine se réjouir, il reprend goût à la vie (non, je n'exagère pas), il commence même à faire des projets pour la mise en place de l'instruction. Il est chaud! Vous aussi!
Vous allez vous lancer, ensemble, parents et enfant, ça y est!
 

Enfin, dire que ça y est, c'est mentir un peu.

Mais vous avez fait le plus dur : prendre la décision.
A présent, il vous faut mettre en place la démarche, car tout doit être fait dans les règles et dans le cadre de la loi.
Pour cela, votre seul coup de fil, vous le réservez au Directeur de l'école primaire dont dépend votre enfant. Va falloir lui annoncer la couleur. Et vous devinez que ça ne va pas être simple. Il va sûrement tenter de vous dissuader, de vous convaincre que l'école "réelle" est mieux pour votre enfant et tout le blabla. Vous le connaissez bien le Dirlo, il sourit peu, il n'a pas l'air franchement sympathique et il en impose! Vous faites votre petit syndrome du cric (en cliquant sur le lien, vous allez atterrir sur une page qui raconte la fameuse blague du syndrome du cric, j'adore!!)
 
"- Je tenais à vous avertir que nous avons mûrement réfléchi notre décision, et nous pensons qu'il est mieux pour notre fils de nous lancer dans l'IEF pour cette année de CM2.
 - Entendu, mais vous avez un tas de paperasses à remplir, attention, sinon il y aura signalement auprès de l'assistance sociale. (glacial, sec, autoritaire)
- Heu oui oui bien entendu, nous allons faire toutes les démarches qui s'imposent. (intimidé, hésitant)
- Entendu. Par contre, vous n'avez pas d'affaires appartenant à l'école dans le cartable de votre fils? (accusateur)
- Je ne sais pas, je vais regarder et si c'était le cas, je vous les restituerai. (limite voleuse)
- Je compte sur vous. Merci, au revoir."
 
Bah merde alors! Même pas une seule question sur la motivation de notre choix, pas un seul argument pour nous convaincre de faire marche arrière. Rien.
En fait, le Dirlo, vous l'avez profondément vexé (jusqu'à l'os pour être précis). Vous comprenez, vous venez de lui expliquer que vous allez faire vous-même le boulot d'un professeur des écoles... Vous remettez en question tout son savoir, à lui, alors que vous n'êtes qu'une maman ou un papa.
N'empêche, ça s'est fait.
 
Maintenant, "le tas de paperasses" dont vous parlait le Directeur, se résume à 3 courriers, tous identiques (sauf pour le destinataire) : un à l'Inspection académique, un à votre mairie et un par courtoisie au directeur de l'école, qui, si vous ne le faites pas, ne manquera pas de vous poser problème (enfin on imagine, déjà qu'il vous accuse de voler les affaires de l'école).
 
Et c'est parti, votre enfant est en IEF. Il n'est pas en marge de la société, au contraire, il peut voir la Société d'un œil différent, qui le rend bien plus curieux, qui l'autorise à être bavard (qui l'encourage même, enfin pas trop non plus), qui le responsabilise dans sa propre instruction et qui lui apporte une certaine fierté.
 
Après il faut l'annoncer aux familles, qui ne comprennent pas ce choix, mais qui savent que vous aimez votre enfant et que vous allez tout faire pour son bien. Ils vont essayer de vous faire confiance, et par respect, ils ne devraient pas trop vous saouler avec des remontrances, qui seraient plutôt logiques sans recul sur les faits, évidemment. Il faut aussi se mettre à leur place. Les idées reçues ont la peau dure, et on nous dit depuis toujours que c'est l'école qui fait de nous ce que nous sommes, alors qui pouvons nous devenir, si nous n'allons pas à l'école? Des terroristes peut-être? (Non, ça c'est pour vous mettre en haleine jusqu'au prochain article, à paraître bientôt.)

Episode 2/2 à suivre en cliquant ici...





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